Gambie. Le maintien de l’interdiction des MGF est une bonne nouvelle, mais les autorités doivent s’attaquer en urgence à ses causes profondes

En réaction au rejet par le Parlement gambien, le 15 juillet, d’un projet de loi visant à abroger la loi de 2015 sur les femmes (amendement) interdisant les mutilations génitales féminines (MGF), Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a déclaré :

« C’est avec un grand soulagement que nous accueillons le rejet du projet de loi visant à abroger l’interdiction des mutilations génitales féminines en Gambie. En 2015, l’adoption de la loi sur les femmes (amendement), qui érige en infraction pénale les mutilations génitales féminines et prévoit des sanctions pour l’exécution, le soutien et l’encouragement de cette pratique, a représenté une étape importante dans les efforts déployés par le pays pour garantir les droits des filles et des femmes. Il est essentiel que ces progrès soient protégés.

Cette tentative d’abrogation de la loi est un
signal d’alarme.

Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale

« Cependant, depuis l’interdiction de cette pratique en 2015, seuls deux cas ont fait l’objet de poursuites et la première condamnation pour avoir pratiqué des MGF n’a été prononcée qu’en août 2023. De plus, cette tentative d’abrogation de la loi est un signal d’alarme démontrant que des mesures doivent être prises pour sensibiliser la population aux droits des filles et femmes et à la nécessité d’éradiquer ces pratiques néfastes. Le devoir de diligence exige une prévention, une protection et une réparation efficaces, et pas seulement la criminalisation.

« Outre l’interdiction des mutilations génitales féminines, les autorités gambiennes doivent faire davantage pour faire appliquer la loi. Nous appelons également à l’adoption d’une approche holistique qui s’attaque aux causes profondes de ce problème pour changer les attitudes et les normes afin d’autonomiser les filles et les femmes. »

Contexte

Environ 76 % des filles et des femmes de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines en Gambie d’après l’UNICEF et 3 filles sur 4 en ont fait l’expérience avant l’âge de 6 ans.

La Gambie est signataire de conventions internationales qui défendent et protègent les droits des filles et des femmes, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant. La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant stipule spécifiquement que les gouvernements doivent prendre toutes les mesures appropriées pour éliminer les pratiques sociales et culturelles néfastes, y compris les mutilations génitales féminines.