Réagissant au maintien en détention d’Hawa Hunt, artiste et personnalité de la télé-réalité sierra-léonaise et canadienne, arrêtée en direct à la télévision en décembre et accusée d’avoir insulté le président et la Première dame dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, Michèle Eken, chercheuse senior au bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, a déclaré :
« Hawa Hunt est détenue depuis plus d’un mois. Ses multiples demandes de libération sous caution ont été refusées alors que sa santé mentale est affectée, selon son avocat. Nous demandons aux autorités sierra-léonaises de libérer Hawa Hunt et de respecter toutes les garanties d’une procédure régulière, conformément aux normes internationales, y compris son droit à être traduite devant un tribunal dans les plus brefs délais. Une personne accusée d’une infraction pénale ne devrait être détenue dans l’attente de son procès que si cela est nécessaire et proportionné à l’infraction commise, et les mesures non privatives de liberté, telles que la libération sous caution, doivent être privilégiées.
« Amnesty International a déjà fait part de ses préoccupations concernant la loi utilisée pour poursuivre Hawa Hunt, à savoir la loi de 2021 relative à la cybersécurité et à la criminalité. Plusieurs cas de violations possibles du droit à la liberté d’expression dans le cadre de la loi sur la cybersécurité et la criminalité ont déjà été signalés. Les délits tels que la calomnie et la diffamation devraient être décriminalisés. La loi sierra-léonaise devrait être mise en conformité avec les obligations internationales du pays en matière de droits humains.
Contexte
Dans une vidéo de 25 minutes devenue virale sur les réseaux sociaux, Hawa Hunt, une artiste de 42 ans et personnalité connue de la télévision, a critiqué le président Julius Maada Bio et son épouse.
Cette mère de trois enfants a été arrêtée le 22 décembre 2024 en direct à la télévision alors qu’elle participait à l’émission de téléréalité sierra-léonaise « House of Stars ». Elle est détenue depuis lors.
Elle doit répondre de deux chefs d’accusation pour « transmission de messages insultants par le biais d’un système informatique », conformément à la loi de 2021 sur la cybersécurité et la criminalité. Les procureurs affirment que la vidéo a incité au désordre public et a porté atteinte à la réputation du président et de son épouse.