Côte d’Ivoire. Le syndicaliste condamné à deux ans de prison ferme doit être libéré et le droit de grève garanti pour tous dans le pays

Réagissant à la condamnation par la justice ivoirienne à deux ans de prison ferme d’un enseignant syndicaliste le 8 avril pour « coalition d’agents publics » et « entrave au fonctionnement du service public », Marceau Sivieude, directeur régional par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a déclaré :

« Amnesty International appelle à la libération immédiate et sans condition de Ghislain Duggary Assy, secrétaire à la communication du syndicat Mouvement des Enseignants pour la Dynamique de la Dignité. Toutes les charges retenues contre lui doivent être abandonnées.

« Le préavis de grève, envoyé le 21 mars au ministère de l’Éducation nationale dans le respect de la procédure légale, annonçait un arrêt de travail les 3 et 4 avril et a abouti à cette condamnation et à une dizaine d’arrestations qui constituent une violation flagrante des droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses, en particulier du droit à la grève et de la liberté syndicale pourtant garantis par la Constitution ivoirienne et les conventions internationales ratifiées par la Côte d’Ivoire.

« Les enseignant·e·s ne peuvent pas être traités comme des criminels pour avoir exercé leurs droits fondamentaux. Les autorités doivent respecter et garantir les droits humains de tous dans le pays, notamment le droit à la liberté d’association, le droit à la négociation collective et le droit à un procès équitable. »

Contexte

Un appel à la grève a été lancé dans les écoles primaires et secondaires de Côte d’Ivoire par deux intersyndicales qui réclament notamment la revalorisation de primes trimestrielles.

Selon l’avocat de Ghislain Duggary Assy, le syndicaliste a été arrêté dans la nuit du 2 au 3 avril par des hommes encagoulés à son domicile. Il a été entendu la même nuit à la préfecture de police en l’absence d’un avocat. C’est au parquet qu’il a eu accès à un avocat, avant d’être placé sous mandat de dépôt par le procureur. 

Le ministère de la Fonction publique, qualifiant cette grève d’illégale dans un communiqué diffusé le 5 avril, a menacé de sanctionner les enseignants en grève. Le 8 avril, une dizaine de membres du directoire des intersyndicales grévistes ont été arrêtés puis relâchés quelques heures plus tard.