Réagissant à l’annonce par les autorités ivoiriennes de la suspension des opérations de déguerpissements des populations dans le district autonome d’Abidjan, Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a déclaré :
« Amnesty International accueille avec soulagement la décision des autorités ivoiriennes de suspendre les opérations d’expulsions débutées en janvier 2024. Elles ont été menées sans concertation ni notification adéquates, parfois de manière violente, laissant de très nombreuses personnes sans logement ni compensation. Ces expulsions forcées ont donné lieu à des violations importantes des droits humains de dizaines de milliers de personnes documentées par Amnesty International.
« Nous saluons aussi l’engagement pris le 21 novembre par les autorités d’appliquer les mesures annoncées en mars 2024 qui prévoyaient le relogement et l’indemnisation des personnes affectées. Nous suivrons attentivement la mise en œuvre de ces engagements. Il est essentiel que les personnes concernées reçoivent une indemnisation juste pour les pertes subies et bénéficient si nécessaire d’une solution de relogement adéquate.
« Les autorités doivent explorer toutes les alternatives possibles aux expulsions. Lorsqu’elles sont inévitables, les autorités doivent adhérer pleinement aux normes nationales et respecter les droits garantis par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, tous deux ratifiés par la Côte d’Ivoire en 1992. »
Contexte
De janvier à juin 2024, de vastes opérations de démolition ont été menées dans quatre quartiers d’Abidjan, entraînant l’expulsion forcée de dizaines de milliers de résidents. Ces démolitions faisaient partie d’un plan annoncé le 26 février 2024 par le district autonome d’Abidjan visant la destruction de 176 sites considérés à risque d’inondation.
À partir d’août 2024, les travaux de dégagement d’une autoroute ainsi que les opérations menées dans des zones dites à risque ont entraîné de nouvelles démolitions. Dans le même temps, des opérations d’assainissement urbain ont ciblé les travailleurs du secteur informel à travers la saisie et la destruction de leurs installations, équipements et biens.